Après quatre ans de « traitement », l’heure du bilan Le Président de la République a pu
paraître sensible, investi et sincère lorsqu’il qualifiait en 2007, les
infirmières « d’héroïnes du quotidien ». Il leur promettait alors une
Licence et la revalorisation en corolaire. Un mandat plus tard (ou
presque), un petit bilan objectif s’impose…
2009
: un nouveau référentiel de formation voit le jour et dès 2012 le
diplôme d’Etat s’accompagnera d’une attribution de grade de Licence. Un
« grade de licence » et non une Licence…
Début 2010 : annonce très médiatique de Madame Roselyne Bachelot, alors
Ministre de la Santé, d’une augmentation de 2000 € pour toutes les
infirmières.
Fin 2010: les infirmières de la fonction Publique Hospitalière se
voient proposer un droit d’option, un choix de reclassement entre le
maintien en catégorie B ou un passage en catégorie A. Alors que le
niveau Licence induit une grille salariale A « type », le gouvernement
a concocté un A « spécifique » à la filière infirmière ! Bien que cette
augmentation de salaire soit due depuis de nombreuses années au regard
des compétences et des responsabilités, les parlementaires imposent aux
professionnels une contrepartie... un report « disproportionné » de
l’âge de départ à la retraite. L’ouverture de droits qui s’opérait à 55
ans passe à 62 ans… soit 7 ans de plus ! La majoration d’assurance (1
an pour 10 années travaillées) qui reconnaît aux agents de catégorie B
une pénibilité professionnelle disparaît de fait en catégorie A. Elle
avait pourtant été maintenue pour les infirmières spécialisées lors de
leur passage en catégorie A… Qu’à cela ne tienne et surtout, pas de «
jaloux », le même chantage scandaleux va leur être proposé en 2012 !
Et pourtant, aucun changement en terme de contraintes professionnelles, la pénibilité s’achèterait-elle ?
Rien de surprenant face à ce marché de dupes à ce que la majorité des
infirmières aie opté pour rester en catégorie B ! Alors, quid des
départs « massifs » dans les 5 années à venir ? À cette injustice,
vient s’ajouter la fermeture du dispositif qui permettait un départ des
fonctionnaires parents de 3 enfants après 15 années de service. La non
anticipation de cette mesure et la date butoir du 1er juillet 2011
précipite les établissements hospitaliers dans une crise majeure et
nombre d’entre eux sont d’ores et déjà contraints à des fermetures de
lits.
Les quotas
d’entrée en IFSI sont fixés par décret à plus de 30 000 étudiants mais
ce sont 20 à 22 000 étudiants qui en sortent diplômés chaque année. Au
cours des trois années de formation, selon les régions, le taux
d’abandon oscille de 20 à 40%. Malgré un niveau Licence, les Etudiants
en IFSI ne bénéficient pas des mêmes droits que les étudiants en études
supérieures (bourses…).
Les conditions de travail actuelles et notamment en milieu hospitalier
ne permettent pas un encadrement de qualité. La responsabilité en
incombe pourtant aux infirmières puisque cela fait partie des missions
définies par le décret de compétences. Seulement voilà, aucun moyen
n’est attribué pour permettre une prise en charge adaptée des étudiants.
Professionnels non reconnus, méprisés, des étudiants délaissés…
les conséquences sont lourdes et la pénurie grandit ! De nombreux
d’hôpitaux en sont réduits à des fermetures de lits. Qu’en sera-t-il de
la prise en charge des patients dès cet été, avec ou sans canicule ?
Certes, les pouvoirs publics ont une grande part de responsabilité pour
avoir mené au pas de charge des réformes successives sans se préoccuper
ni entendre la filière infirmière. Mais nous, professionnels,
n’avons-nous pas une part de responsabilité ?
La Coordination Nationale Infirmière vous invite à adresser la carte T ci jointe au Président Nicolas Sarkozy
afin de lui faire savoir que la filière infirmière ne cautionne pas les
réformes délétères qui viennent d'être mise en place, s'inquiète de
leur impact et attend des mesures correctives d’urgence !
Les « Héroïnes du quotidien »
doivent faire entendre leur voix pour défendre notre belle profession
mais aussi pour garantir une offre de soins sécurisée et de qualité
pour les patients que nous soignons ou que nous deviendrons peut-être
un jour.